Chef-d’oeuvre de Molière, la pièce nous fait pénétrer au sein d’une famille honnête et paisible, tout à coup troublée et désunie par la seule présence d’un étranger hypocrite et faux dévot : Tartuffe, qui a su s’emparer de l’esprit de la grand-mère, Mme Pernelle, et de son fils, Orgon, qui donne asile au pieux personnage. Dès l’exposition, les sentiments de chaque membre de la famille envers Tartuffe sont exacerbés. Tous tentent de détromper Orgon sur le véritable caractère du faux dévot, mais rien n’y fait; l’aveuglement du maître de maison va toujours croissant. Il faudra toute l’ingéniosité de sa femme Elmire pour lui ouvrir les yeux et le convaincre de la perversité de cet homme.
Le public est d’abord invité à prendre part à la réception donnée par Elmire, Cléante, Damis et Dorine en l’honneur des fiançailles de Valère et Mariane. Le quatrième mur est abattu d’entrée. La place est laissée à la liberté et au divertissement, à la musique et à la danse, jusqu’à ce que Madame Pernelle, grande dévote et partisane de l’austérité religieuse prônée par Tartuffe, n’interrompe la fête et ne chasse les invités. Les spectateurs sont alors refoulés vers les coulisses d’où ils assisteront, tels des témoins voyeurs, aux débats qui déchirent la famille.
La mise à nue des coulisses permet aux spectateurs d’observer à la dérobée les comédiens durant toute la pièce dans leur préparation d’acteurs, de les voir se grimer, se costumer, se préparer à entrer en scène, et ainsi partager plus encore l’espace intime de la maison d’Orgon. Les gestes sont plus lents et la lumière tamisée, l’acteur relit son texte et prépare ses accessoires de scène. Cette fenêtre ouverte sur la vie de la famille et des comédiens fonctionne comme une respiration dans l’accomplissement du cours de la pièce, ce monument littéraire en cinq actes et en alexandrins, présenté sans entracte.
Les costumes
Cahier des charges
Chaque personnage est associé à une époque et/ou une couleur, selon sa personnalité.
Début de la pièce en habit contemporain, pour mieux associer le public à la fête; une fois la pièce proprement dite débutée, les comédiens glissent petit à petit dans le costume d’époque.
Tartuffe porte l’habit noir, épuré et simple; tous les partisans de ses principes doivent donc arborer eux aussi du noir.
Orgon revêt l’habit de cour porté sous Louis XIV, l’époque de l’écriture de la pièce; une tenue riche et très ornementée, qui le rend ridicule par rapport aux autres personnages et renforce cet aspect d’aveuglement et d’entêtement de sa personnalité.
Travail du couple Elmire/Orgon : costume féminin de même époque que le costume masculin, mêlant la couleur associée à Orgon (vert) et celle d’Elmire (rose).
Orgon
Tenue à rhingrave, époque 1680, élaborée selon des gravures d’époque.
Veste courte en damassé vert, ornée de boucles de rubans verts; boutons à brides. Doublée en satin doré pour la scène finale.
Rhingrave en toile d’ameublement retournée, ornée de boucles de rubans verts et de galons bleus et mauves. Doublée en satin doré pour la scène finale.
Culotte en velours gris, froncée au mollet, ornée de dentelle au crochet grise; braguette à boutons.
Chemise à jabot avec manches bouffantes.
Manteau de voyage 17e siècle en suédine marron, à col haut avec cape intégrée. Fermeture à brandebourg.
Porté durant l’acte 1.
Robe de chambre en velours dévoré noir, à motif brossé, col de fourrure.
Porté à l’acte 3.
Elmire
Robe de ville 17e siècle, élaborée selon des modèles d’époque.
Corps baleiné en toile bicolore, ornée de dentelle au crochet aux manches; pièce d’estomac brodée détachable. Panneaux de jupe assortis.
Jupe en taffetas corail agrémentée de roses en broderie ruban; portée par-dessus jupon et coussin de hanches.
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